Retour sur les rencontres du GRER 2022 – radiomorphoses

Cet article est un retour sur les rencontres du GRER

Présentation des rencontres du 09 au 11 nov 2022 à Québec (Canada)

Pour le 10 ème Colloque international du GRER (Groupe de recherches et d’études sur la radio), organisé en partenariat avec le Département d’information et de communication Université Laval (Québec), la question posée aux participant.es était : Comment la radio s’adapte-t-elle face à l’engouement et à l’élargissement de l’univers audio ?
Réunissant autant des chercheurs que des praticiens et artisans du son, les interventions ont abordées à la fois les nouveaux modes d’expression et de création sonore, les concurrences auxquelles les radios doivent faire face, notamment l’élargissement

de l’univers audio via les écrans, la vidéo, ou les plateformes de streaming.

Ce groupe de recherche en études radiophoniques a été crée en 2004, avec dès le départ la présence de la radio Jet FM, et d’Henri Landré : https://radiography.hypotheses.org/3449

Les rencontres de 2022 étaient donc présentées ainsi : “Cet événement hybride (présentiel / distanciel) qu’accueille l’Université Laval (Québec / Canada) du 9 au 11 novembre 2022 permettra de fédérer des chercheurs et des professionnels qui ont la radio comme objet d’étude ou de pratique, dans une perspective multidisciplinaire propre à dresser un portrait critique actuel des nouvelles places de la radio, des radios de masse aux radios de niche.”

Qui y était et ce qu’on a tenté de faire

Henri Assogba, professeur titulaire à l’Université Laval et responsable du comité
d’organisation, ouvrait les présentations et animait les différentes prises de parole principalement issues du monde académique.
Retrouvez l’intégralité du programme et des interventions
ici – ainsi que le replay youtubesque vidéo

L’intitulé de la présentation que nous avons soumis était “de-programmer : esthétique de la recherche / programmer : recherches des esthétiques”.
A partir d’une présentation de la radio Jet Fm, nous avons tenté une expérience vécue, celle d’une performance-documentaire basée sur les contenus des précédentes interventions. Une sorte de prise de note par sampling, une documentation du réel.
Articulé à un descriptif de notre dispositif comme protocol ouvert de documentation, nous avons marqué ce temps en diffusant en direct notre intervention sur internet (jetfm.fr , p-node.org), en FM à Paris, Mulhouse et Nantes.
Court-circuitant le stream vidéo, l’intervention voulait prendre aussi le temps d’aborder les voix et les fantômes ruisselant souvent au coeur des infrastructures numériques et de nos connexions passionnées.

Performance-documentaire audio

Notre présence prenant la forme d’une promenade au sein de la recherche académique, notre temps de présentation ouvrait un espace à explorer comme on explore une ville par le son, au sein de deux journées enfermées dans une salle de cette imposante université :


“Je me promène les oreilles grandes ouvertes pour analyser les publicités sonores, le marketing sonore territorial, comme les annonces de tramway. Et ce qui est passionnant, c’est le mix entre ces nudges sonores et les sons inattendus que produit la ville en permanence. Comment le réel va sans cesse déjouer les machines ou les insérer dans un ensemble qui les dépasse totalement.” ,Juliette Volcler, chercheuse indépendante, autrice L’orchestration du quotidien, design sonore et écoute au XXIe siècle .

Un lieu donc (le colloque) à habiter.

Notre proposition-intervention prends la forme d’une performance de création sonore, à la fois travail de cartographie, de documentation, et aussi temps d’écoute.
Dans une autre intervention avec l’enseignant chercheur Marc Jahjah, nous avions tenté d’expliquer ce qu’on pourrait nommer comme relevant d’une performance-documentaire : un temps où le document devient événement, un mouvement où le présentateur devient spectateur de son propre spectacle performé, une relation aux autres qui permet d’accéder à un certain plaisir particulier, au cours duquel la pensée se saisit d’elle-même, en duo, justement.

Il s ‘agit d’ajuster des formes et des matières comme le fait un artisan (Tim Ingold, FAIRE), le document (notre présentation) en train de se faire, ne vaut que le temps de l’exécution, définit ainsi le cadre de sa propre signification. S’éloignant d’un universalisme attendu, le “document” est un anti-événement, un non-powerpoint.
Ce geste performatif, quand l’expérience visuel vient retrouver la voix, a permis au son d’effacer le temps d’un instant le document, objet complexe s’il en est.

Retour sur quelques recherches sur l’appel à participation

  • Peut-on parler de “nouvelles” écritures sonores ? La construction du son a déjà été éprouvée depuis des décennies, mais peut-être que l’espace de diffusion change, le support et les modes de consommation éventuellement, mais où trouvez l’invention formelle ? Les fantômes, éléments fondateurs des ondes radiophoniques, restent présents, nos ombres sonores perdurent, un vivant impalpable. (CF: La Voix Sombre de Ryoko Sekiguchi sourcé ci-dessous). Du message vocal Télégram aux archives sonores sur bande.
  • Les voix, le chant, la musique et les voix dans nos têtes, les ritournelles, les souvenirs (cf: Histoire(s) de Radio, sourcé ci-dessous ) sont et laissent leur trace, dans un monde médiatisé par l’image. “La radio est l’avenir du numérique !” Dans un contexte de régime numérique globalisé. plongé dans les abysses des réseaux, ouvrons les boites noires technologiques : Quelque part, déjà dans les ruines de notre société numérique, aux confins des friches opaques de l’information, nos modes d’expression s’ouvre vers une écologie des communications, une écologie des récits. ?
  • Nos pratiques communes ou singulières se confrontent et proposent d’autres temps, d’autres chronotopies, d’une morphose du paysage sonore. Notre travail d’échange sera basé sur des lectures, des temps de cartographies d’enjeux, des récits et des désirs futurotopiques. Une approche croisée entre esthétique de la recherche et recherche de l’esthétique, programmation lente vs démantelement des logiques algorithmiques. temps longs versus les compressions side-chain, d’une cohérence de programmation musicale aux résistances (sociologies) pragmatiques.(cf Pour une cohérence de programmation musicale, sourcé ci-après).
  • De quel endroit parlons-nous ? d’un espace collectif, une radio locale, croisant des pratiques individuelles et parcours de vie personnels. Des lieux physiques et à distance d’où nous oeuvrons, il conviendrait d’en décortiquer ce qui se fait, ce qui s’adapte, se modifie, se transforme, ce qui s’invente et s’improvise ? Comme cette pratique fait autant transformation individuelle que collective ? contre-pouvoir effectif d’une hyper individualisation ? Un salutaire retour à l’individuation contre le consensus mou du collectif ? lieux de pratiques, espaces réels, temps communs,…

A suivre depuis ces rencontres le travail sur la programmation PHANTOM https://www.jet-asso.fr/phantom dont voici un extrait :

“Nous qui vivons au présent, nous ne pouvons pas réitérer le présent qui n’est plus, contrairement à la voix enregistrée. Ou plutôt, nous ne pouvons pas posséder ce présent, qui nous est à chaque instant dérobé. Nous écoutons alors cette voix qui vit dans une autre temporalité. Dans le même monde, deux temporalités se croisent et nous sommes nous-mêmes, à notre tour, troublés. Cette voix existe-t-elle comme la trace d’une personne, la preuve de son existence, ramenée au présent à jamais ? Oui, comme toutes les traces d’une personne. Bien sûr, la voix n’est pas la personne, qui, elle, ne reviendra plus.” La Voix Sombre de Ryoko Sekiguchi

Biblio

Notre intervention

  • retour en sons
Julien et Henri puis questions-réponses – GRER 22

Henri Landré, Julien Bellanger

Silence – LOW

Avec le soutien Institut Français / Ville de Nantes

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